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14 min

Sónar Festival 2025 : musiques, innovations… et paradoxes

par Bastien Stisi

Publié le 16 juin 2025 à 8 h 32 min
Mis à jour le 16 juin 2025 à 10 h 00 min

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À Barcelone, le Sónar Festival connait probablement la période la plus compliquée de son histoire, pourtant débutée il y a plus de 30 ans — né en 1994, le festival est devenu au fil des ans l’une des institutions des musiques électroniques en Europe et l’un des festivals, en Espagne, les plus visités. En cause : les liens du Sónar avec KKR, une entreprise accusée de promouvoir l’immobilier dans les territoires occupés illégalement par Israël. Reportage sur place.


SónarClub 2025 © Nerea Coll
SónarClub 2025 © Nerea Coll

Nous ne sommes pas entrés depuis dix minutes dans l’enceinte du grand complexe Fira Barcelona Montjuïc, dans lequel se déroule le Sónar by Day — le Sónar by Night, lui, a lieu à une quarantaine de minutes à pied, dans la ville limitrophe de L’Hospitalet de Llobregat —  que nous croisons la route d’un jeune garçon qui, en cet instant, a tout d’un symbole. Longiligne, cheveux très courts et blonds, il porte ses vêtements près du corps, habits dont les couleurs, ensemble… forment le drapeau de la Palestine — le noir, le blanc et le vert de haut en bas, et un triangle rouge superposé sur la gauche. Beaucoup le prennent en photo. Son regard est sombre lorsqu’il marche dans la foule mais il s’éclaire au moment de tomber dans les bras d’un autre groupe de garçons, qu’il enlace.

Free Palestine

Quelques minutes plus tôt, carrer de Lleida, à l’entrée, une jeune fille portait pour sa part, le nombril à l’air et les chaussettes blanches hautes, un tee-shirt sur lequel étaient imprimées les mots FREE PALESTINE. À un autre moment, encore, la productrice portugaise NOIA, nostalgique de ce qui n’est pas encore arrivé (écoutez son tube pop et aérien « Nostalgia del Futuro ») vêtu du maillot de football de la Palestine — de nombreux.ses autres dans ce cas sur le festival. Plus tard, devant le concert du Brésilien Mochakk et sa house qui fait définitivement transpirer celles et ceux qui n’avaient pas encore eu assez chaud aujourd’hui à Barcelone, un keffieh ici et un autre là, éternelle parure de ralliement à la cause et au combat du peuple palestinien. Un drapeau porté par ce gars-là comme une robe de mariée, et comme un voile par cette fille-là. Des autocollants FREE PALESTINE dans les toilettes, les espaces VIP, sur l’engin à roulette qui circule dans la foule pour se recharger en bière… Des images attendues, somme toute, dans un festival clairement étiqueté à gauche, où les allures sont souvent punk, queer, déconstruites, où l’inclusivité n’est pas un sujet — une revendication endémique, plutôt — mais qui, cette année pourtant, dit d’entrée le paradoxe si particulier qui est celui de l’édition 2025 du Sónar Festival de Barcelone.

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Paradoxes

En 2018, le festival, unanimement reconnu comme l’un des pionniers en matière de musiques électroniques et d’arts numériques, irréprochable dans sa promotion des cultures alternatives et underground — et toujours intersectionnelles — est en effet passé sous la houlette du géant Superstruct Entertainment, qui possède désormais plus de 80 festivals en Espagne, en Australie, en Allemagne, au Royaume-Uni, ou bien évidemment en Hongrie, puisque le Sziget, à Budapest, est aussi passé dans le giron de la firme américaine.

« À l’époque, Providence Equity Partners (une autre société de capital-investissement américaine, NDLR) était le principal investisseur de Superstruct. En octobre 2024, Providence s’est retirée et a vendu sa participation à un consortium composé de KKR (acronyme de Kohlberg Kravis Roberts & Co, NDLR) et d’autres investisseurs. », témoignent les équipes de communication du Sónar sur une page dédiée de leur site internet, créée après le bad buzz qui a explosé ces dernière semaines sur les réseaux sociaux.« Il s’agissait d’une transaction purement financière dans laquelle nous n’avons eu aucune implication, aucun droit de regard et aucun vote. », tiennent-ils à préciser.

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On sait évidemment qu’un festival de musique, aussi reconnu et successful soit-il — le Sónar a accueilli l’an dernier quelques 120 000 personnes en trois jours —, se finance rarement seul, et échappe peu aux logiques d’un capitalisme gourmand et peu regardant sur les méthodes à mettre en place pour remplir encore davantage sa besace. Ici, les scènes portent des noms de bière catalane — SonarVillage by Estrella Damm —, de constructeur automobile japonais — SonarPark by Nissan —, de société de conseil en technologie — Room+D by SEIDOR. Mais outre les totems omniprésents du grand capital et les liens avec Superstruct, révélateur d’une question plus globale qui voit, et comme le rappelait Libération, les festivals de musique tomber progressivement entre les mains de grands groupes financiers jamais très éthiques pour tenter de survivre, ce sont les activités de KKR qui ont poussé nombre d’actrices et d’acteurs à se rebiffer.

KKR ? Une société new-yorkaise surpuissante de capital-investissement basé à New York et fondée en 1976 dont certains investissements — via des parts acquises en 2019 dans le groupe allemand Axel Springer — participeraient à la promotion d’opportunités immobilières dans les territoires occupés illégalement par Israël — Jérusalem-Est, Gaza, Cisjordanie. Ou comme l’écrit Le Figaro, qui a lui aussi relayer l’affaire, « le conglomérat d’entreprises propose à ses clients d’effectuer des investissements immobiliers dans ces zones pour ‘‘y construire l’avenir’ ». Malaise.

Boycott

En tant qu’entreprise, le Sónar appartient à Superstruct Entertainement. Qui appartient à KKR. Qui investit, via Axel Springer, dans les territoires illégalement occupés. Le Sónar Festival, de fil en aiguille, serait-il complice du génocide à Gaza ? Compte-tenu de la direction artistique de l’événement et des valeurs défendues depuis 30 ans — le Sónar est probablement l’un des festivals les plus à gauche d’Espagne et son public n’a pas le look d’un adepte du Likoud, le parti sioniste national-conservateur israélien —, compliqué d’aboutir à cette conclusion. Mais c’est ce que proclame toutefois les prospectus qui passent de main en main à la sortie du métro Estació d’Espanya, à deux pas du Sónar by Day. C’est aussi l’angle d’attaque du mouvement BDS et de la Campagne palestinienne pour le boycott académique et culturel d’Israël (PACBI) qui, depuis des semaines, ne lâche rien, et fait pression pour que le Sónar montre patte blanche et suspende sa relation avec KKR. « À une semaine du festival, nous appelons tous les participants restants à se retirer afin d’éviter toute complicité de Sónar dans l’artwashing (utilisation, par une entreprise privée, de la philanthropie et des arts pour améliorer sa réputation, NDLR) et les atteintes aux droits des Palestiniens. », disait BDS il y a quelques jours, condamnant « toute propagande artistique visant à blanchir le génocide israélien à Gaza. »

Un appel au boycott qui ne concerne pas simplement le Sónar, mais aussi l’ensemble des festivals tombés entre les mains de Superstruct Entertainement, que ce soit en Espagne — le festival Viña Rock à Villaroblado fait partie du lot — ou ailleurs. Ici, dans un pays où ce sont les Socialistes de Pedro Sánchez qui sont au pouvoir depuis 2018 et qui a reconnu l’État de Palestine en mai 2024, le boycott a même reçu le soutien du ministère de la Culture et des partis politiques de gauche comme Podemos et Catalunya Sí. Comme le rappelaient Les Inrocks, le ministre espagnol d’extrême gauche Ernest Urtasun s’était dit “préoccupé” le 17 mai par “l’entrée du fonds israélien KKR dans plusieurs festivals espagnols”, ajoutant qu’il ne voulait pas “qu’il existe dans notre culture un fonds qui participe activement à l’occupation illégale de la Palestine par Israël”.

Face à cette situation, une quarantaine d’artistes ont annulé leur venue au Sónar ces dernières semaines et beaucoup ont signé une lettre ouverte exhortant le festival barcelonais à “prendre ses distances par rapport aux investissements complices de KKR, adopter des politiques de programmation et de partenariat éthiques, respecter les lignes directrices du BDS”. Les Français Brodinski, Rone ou encore la musicienne Arca, productrice de musique électronique vénézuélienne, transgenre et tête d’affiche initiale du festival, l’ont signée et ont décidé de se désengager de la programmation 2025.

« Notre position est claire et sans équivoque : nous condamnons le génocide du peuple palestinien. » L’équipe du Sónar

Mais le plus souvent, comme chez le trio de chorégraphes françaises (La) Horde, ce n’est pas le Sónar qui se trouve directement visé par les critiques et les annulations, mais bien KKR, le Sónar ayant, et comme le rappelle le collectif à la tête du Ballet national de Marseille “toujours été un espace précieux pour les scènes underground, queer et alternatives du monde entier”. Un festival qui, au moment où nous nous interrogions, à notre tour, sur la pertinence de se déplacer, ou non, à Barcelone, tenait à nous éclairer un peu plus encore sur la situation, et sur la position infiniment délicate dans laquelle se trouvaient actuellement les équipes, qui, entre plusieurs prises de paroles, ont aussi organisé, à l’Agora, une table ronde autour d’une question centrale : “La culture peut-elle exister en dehors des dynamiques capitalistes ?”

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Ceux qui décident et ceux qui font

“L’équipe de Sónar n’est pas du tout impliquée dans les mouvements ou les investissements de KKR”, assurent-ils. “Nous sommes toujours la même équipe et nous travaillons toujours à rendre le festival plus politique, plus engagé et plus revendicatif que jamais. (…) Les changements que nous avons opérés ces dernières semaines nous alignent sur de nombreuses recommandations du boycott, et nous nous battons chaque jour pour faire ce qu’il faut ici. Ceci témoigne des valeurs du festival et de l’équipe qui le dirige, qui n’a cessé de se battre de l’intérieur pour qu’il en soit ainsi. (…) Nous sommes en contact permanent avec les artistes depuis des semaines, en leur faisant comprendre que nous sommes un espace vindicatif et que nous faisons de notre mieux pour prendre nos distances et faire ce qu’il faut. Nous respectons leurs décisions et les remercions en même temps pour leur soutien.” Bosser 30 ans pour un festival aux valeurs irréprochables. Voir un acteur aux valeurs opposées entrer dans la course. Encore et toujours, les décisions viennent d’en haut. Et c’est en-dessous que l’on trinque, que l’on doit ramasser les éclats de verres brisés. 

“Avec mon entrée je finance le génocide à Gaza ???”, conspuent certains commentaires excédés sur les réseaux sociaux. “Tous les revenus et bénéfices des événements et festivals Superstruct restent intégralement dans nos caisses et sont consacrés au développement et à l’organisation de nos festivals à travers le monde”, répond le festival. “Nous n’avons jamais versé – et ne verserons jamais – un seul euro à KKR. Nous pouvons vous garantir qu’après avoir couvert tous les coûts d’Advanced Music et du festival lui-même (salaires, artistes, production, communication, frais d’organisation, etc.), tous les bénéfices sont intégralement réinvestis dans les prochaines éditions de Sónar”. Les deux euros pour les bouchons d’oreille achetés ce week-end pour se protéger devant le tourbillon techno de Paranoid London ? Pour l’édition 2026 du Sónar.

Sur le terrain, ce n’est pas la perdition de public que l’on aurait pu envisager au départ. Les espaces devant les scènes sont pleins, l’ambiance est à la fête et les corps circulent, comme partout ailleurs, bien mieux le jour que la nuit. Toujours impressionnantes, les gigantesques halles du Sónar by Night accueillent quelques 15 000 au SónarClub, la plus grande des scènes du festival, et vibre particulièrement devant le set de BICEP, qui oscille entre une sélecta club pointue — des réminiscences de la carrière de blogueurs du duo de Belfast — et des productions du groupe, saluées comme elles se doivent, de « Glue » à « Opal ». 

Ensuite, c’est Elkka qui enchaîne façon DJ set house, techno, disco — joie d’entendre « Like a Prayer » de Madonna et « I Just Want To Love You », chanson originale de l’artiste espagnole. À cette heure-ci, où certains clubbers danseront jusqu’à 7 heures du matin, on se montre moins politique que plus tôt dans la journée, au Sónar by Day, où Adrian Sherwood, figure de la scène dub en Grande-Bretagne depuis les années 80 — il est le fondateur du label On-U Sound — a fait planer la foule avec un set exclusivement branché dub — c’était la promesse annoncée par le festival — et qui, entre du Lee « Scratch » Perry ou du Jagwar Ma, a pu caler, malin, un Massive Attack très adapté (un remix de « Angel ») dans la mesure où l’on sait l’engagement total du groupe de Bristol en faveur des luttes pro-palestiniennes. Massive Attack chez qui Robert Del Naja exigeait d’ailleurs, il y a quelques semaines, le boycott du festival Field Day, également lié à Superstruct et à KKR…

Babel

Derrière Sherwood, vêtu, lui aussi, des couleurs de la Palestine — complétées par le soleil halluciné iconique de Primal Scream —, des visuels circulent et montrent alternativement le glorieux roi d’Éthiopie, le Voyage de Chihiro, des figures diverses et variés de King Tubby et de Lee Pery — les pionniers de la musique dub, en Jamaïque —, ou La tour de Babel de Pieter Brueghel l’Ancien devant laquelle se tiennent quelques soldats en arme — qui veut voir ici un message politique en trouvera certainement…

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Dans un auditorium plein à craquer, le vendredi, il ne fallait pas manquer la rencontre du duo Raül Refree — ponte du flamenco catalan — et Niño De Elche — défenseur d’un flamenco moderne, et collaborateur affuté de C. Tangana ou de Rosalía, héros d’une musique traditionnelle catalane qui ne s’interdit aucun métissage. Ensemble, et dans une ambiance de cathédrale où les anciens cohabitent avec les modernes — le flamenco, de ce côté-ci du monde, est une expérience quasi mystique —, le duo expérimente la rencontre d’un flamenco viscéral et d’une musique electronica où se sont les ombres qui dominent — le sublime et le glitch se rencontrent pour les besoins de la création cru+es. Applaudissement sincère d’un public que l’on retrouvera, une heure trente plus tard dans la même salle, pour la performance d’un autre duo, féminin cette fois — Tarta Relena — qui interrogera la tragédie, le mystère, le destin et l’inconnu avec une performance basée sur le disque És pregunta. Audience nombreuse le lendemain encore pour le guitariste Yerai Cortés qui présenterait Guitarra Coral — une guitare, six voix superbes, ferveur rare.


Raül Refree Niño de Elche au Sónar Festival 2025 © Carlota Serarols
Raül Refree Niño de Elche au Sónar Festival 2025 © Carlota Serarols

Métissage

L’un des grands moments du festival, et c’est là la force depuis toujours d’un Sónar chez qui l’audace et le métissage n’est pas qu’un refrain clamé un peu trop fort, est à trouver du côté d’une Brésilienne qui ne s’interdit rien, et pas même de débarquer vêtue — ou plutôt, dévêtue — d’une tenue qui expose sa poitrine, ses fesses, une révolte lancée à la face d’un public conquit d’avance et résolument queer, lui aussi. TETO PRETO, de São Paulo, célèbre une décennie de résistance et de provocation avec ce mélange habituel de politique, de punk rock, de musique électronique, de techno, de tambours brésiliens qui explosent à la tête de toutes et de tous au moment où est entonné le tube « Gasolina », bacchanale volcanique où la danse est reine et où les couleurs de la Palestine, sur la chanteuse Laura Diaz, resplendissent.


Teto Preto au Sónar Festival 2025 © Anendfor
Teto Preto au Sónar Festival 2025 © Anendfor

Le groupe termine dans la fosse et même les agents de sécu ont le sourire aux lèvres — dommage, eux n’ont pas vus, puisque contraints d’être dos à la scène, le clip coup de poing de « Gasolina », diffusé en simultané et à revoir ci-dessous.

Marquant, aussi, le concert du duo espagnol AEREA, qui mélange des ingrédients techpop, new-rave, hardgroove au service de tubes alternatifs  — « Amore Dulce », « Mi Instinto », « Violente Belleza »… autoroute du kif dès 16h au SónarPark —, puis celui, dans un autre genre, de la jeune Mushkaa, révélation hyperpop, R&B, reggaeton — tout ça en même temps — en Catalogne et dans tout le pays avec des tubes qui cartonnent chez la Gen-Z — qui peuvent reprendre en choeur des morceaux issus de son dernier disque, Nova Bossa, dont les paroles sont affichées pour faire karaoké. Mushkaa est la sœur d’une certaine Bad Gyal, qu’on avait déjà découverte au Sónar il y a quelques années de ça et qui, starifiée, feat désormais avec Sean Paul et KAROL G.

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Ensemble, fratrie dont les deux sœurs semblent évoquer les deux extrêmes — l’une, Bad Gyal, aime les tenues légères lorsque l’autre, Mushkaa, préfère un look très street —, elles ont sorti le morceau « Sexe Sexy » dans une ambiance bien éloignée de celle que l’on retrouvera lors du concert de Lord Spikeheart, un kényan qui repousse les frontières entre musiques électroniques dures et métal. Death metal, grindcore, hurlements possédés… une performance allaitante pour toute la famille — si on en juge à l’attitude ce ce gamin âgé de 8 ou 9 ans qui, sur les épaules de son père, fait dans la foule le signe des cornes des métalleux avec ses doigts — il ne le fait pas correctement, du coup, c’est un peu mignon.

Trance

Musiques extrêmes encore, un peu plus tard, avec le show à couper le souffle du bien nommé Safety Trance, qui proposait au SónarHall un live tout simplement nommé DESTRUCCIÓN, live au sein duquel ce Vénézuélien résident barcelonais, adepte de breakcore, de musique rave, d’EBM — genre musical mêlant les éléments sonores de la musique post-industrielle et du synthpunk — convoque un chaos global ultra intense. Derrière lui, c’est l’orage et c’est la foule qui prend le tonnerre dans la tronche, comme il l’avait pris un peu plus tôt avec les gars de Paranoid London, grande messe techno organisée, là aussi, dans l’enceinte du SónarHall, et comme il le prendra plus tard pour Overmono, le duo gallois toujours aussi vertigineux lorsqu’il enchaîne « Good Lies », « Is U » ou « stayinit », le feat avec Fred again.. 

Pour Actress & Suzanne Ciani, dont le premier jouera plus tard au Sónar by Night, leur collaboration commune dans l’auditorium — IDM très expérimentale qui flirte parfois avec le club — donne naissance à une expérience où l’orage gronde, où les vagues font tanguer, où les séquences électroniques tourbillonnent et font, finalement, dodeliner les têtes. Il y a des fans de Burial dans la salle — ils en portent le tee-shirt et des accents anglais qui viennent souligner l’aspect international d’un festival où les Catalans et les espagnols sont bien évidemment les plus nombreux, mais où les Britanniques, les Français, et même les Japonais trainent aussi leurs basques — big-up à ce Basque, justement, probablement très fier mais peu propre, vêtu du même maillot de la Real Sociedad durant les trois jours du festival…


Actress & Suzanne Ciani au Sónar Festival 2025 © Leafhopper
Actress & Suzanne Ciani au Sónar Festival 2025 © Leafhopper

Paroles

Important, enfin, la prise de parole de la jeune Amanda Mur, une musicienne cantabrique — région de Santander — qui met à profit sa formation classique pour explorer le folklore espagnol, la musique médiévale, les chants grégoriens, la cumbia et des textures très expérimentales. Elle souhaite rappeler en préambule son malaise d’être là aujourd’hui en connaissant la situation dramatique à Gaza, et l’importance de la culture qui doit continuer à exister en dehors de tout intérêt politique. Souhaitons de tout cœur que le Sónar, et ceux qui en gèrent les interêts économiques, entendent cette parole-là, et se débarrassent de cette association désastreuse qui va tellement à l’encontre des idées d’inclusivité, de métissage, de tolérance, de toutes ces valeurs que nous avons pu voir, une fois encore, durant tout le week-end.

No one is free until all of us are free

Un paradoxe total que la productrice et DJ Sarra Wild a probablement résumé le mieux le jeudi, en ouvrant son set avec ces mots, projetés sur les écrans : 

« KKR FUNDS ISRAEL’S GENOCIDE IN GAZA / KKR FUELS CLIMATE COLLAPSE / KKR IS BUILT ON DESTRUCTION / WE ARE ALL COMPLICIT / BUT WE ARE NOT POWERLESS / OUR MONEY IS NOT NEUTRAL / WE CHOOSE WHO PROFITS / WE CHOOSE WHO SURVIVES / SOLIDARITY WITH SONAR WORKERS / SOLIDARITY WITH THOSE WHO BOYCOTTED / FUND WORKING CLASS ARTISTS / FUND DIY SPACES / SPEAK UP / FREE PALESTINE / FREE CONGO / FREE SUDAN / NO-ONE IS FREE UNTIL ALL OF US ARE FREE ».

PERSONNE N’EST LIBRE TANT QUE NOUS NE SOMMES PAS TOUS LIBRES. Personne n’est libre, certes, mais nous l’étions tout de même bien davantage, ce week-end, que celles et ceux qui, du côté de Gaza, n’avaient pas la chance d’être du côté de celles et de ceux qui dansent. La paix, vite.

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